Sentein, merveilleux petit village blotti au fond de la vallée du Biros qu'il termine, à un saut de biche de l'Espagne...Des maisons imposantes, groupées autour de l'église aux trois clochers, sont les témoins d' un glorieux passé de thermalisme et d'exploitaion minière...Au centre d'un réseau hydraulique important, le village n'en finit pas de ruisseler et c'est très souvent par des ponceaux de pierre ou des passerelles de bois que nous accèdons aux ruelles chargées d'histoire... Alors que je terminais mon dernier billet par l'espoir de renouveller très vite notre prestation référence de St Pierre de Rivière, "avec ou sans feu", je ne me doutais pas que ce soir nous allions, une fois encore, içi, à Sentein, fêter la Saint Jean, "Sent Joan, beth e gran", comme ils disent… Le décor ne réserve aucun mystère… Le dernier tableau de ce festival des "lanternes et du feu" ne sera dévoilé donc, qu'une fois la nuit bien installée... Nous partagerons la soirée avec des groupes vocaux, venus d'autres vallées des Pyrénées, des danses traditionnelles, avec petits et plus grands, des vénérations retentissantes de quelques Peaux-Rouges coloriés de la tête aux ongles des pieds et enfin, des mélodies médiévales d'une harpe celtique aux arpèges métalliques venue peut-être d'une lointaine cité irlandaise… Après avoir donné le ton avec deux ou trois morceaux identitaires, nous devons laisser la priorité à monsieur le maire pour une courte allocution en guise de bienvenue et surtout en guise de départ oficiel du festival... Très vite, les minutages imposés cassent la générosité de tous car nous ne sommes pas seuls devant le magnifique kiosque au toit de chaume… Les propositions sont nombreuses et nous prenons régulièrement notre tour dans une organisation un tantinet débordée… Alors qu'au son des accordéons et des hautbois des Pyrénées, les Biroussans et leurs jeunes émules terminent une série de danses folkloriques, s'élèvent les puissantes voix des Natseipas de la vallée d'Ossau sur un"refuge" tellement irrésistible qu'il nous est impossible de rester de marbre, tout comme les Barlongueras du Couserans… Juste aprés les premières mesures, nous voilà tous rassemblés pour une chorale unique, exceptionnelle, inoubliable, d'autant que l"Immortelle" de Nadau arrive avec son refrain mythique juste avant le "Se canto" fédérateur, emblématique des Pyrénées... Dans cette chorale sans équivalente, Mathys et sa cornemuse aura été sollicité en permanence par ces musiciens confirmés parmi lesquels le réputé Pierre Rouch, facteur d'instruments à vent qu'on ne présente plus dans la région... Nous reprendrons bientôt une série de morceaux loin d'avoir une réputation soporifique avant de regagner la table des "intervenants" pour une rapide collation prise au son de la batucada toulousaine... Le repas de ce soir n'aura pas les prolongations d'un repas de famille… Une certaine impatiente nous gagne...Les décisions du commandement sont loin de nous convaincre... Le soufflé ne doit pas retomber... Rapidement nous reformons le cercle pour une série au final exceptionnel... Nos sollistes ravivent les braises avec "Les copains", "When the saints", "Le temps des fleurs"... Le groupe folklorique réapparait, impatient... C'en est trop, "El gato" déclanche le passo, "Mauléon" la valse... Enfin, cernés par une ronde magnifique nous alignons "L'incantada" et le '"Paquito"... Le bonhomme au chapeau n'en revient pas... La déambulation dans le village peut commencer... Pour l'instant cantonnés au centre de la place, nous n'interviendrons que plus tard dans les petites rues avec un répertoire pas vraiment porté sur la méditation...Peut-être fallait-il cette variante païenne en fin de défilé alors que devant les voix prenantes accrochaient la majorité...Que de poésie dans ce dernier tableau où, depuis son balcon baigné de vert fluo, la douce Araelle et sa harpe celtique, adresse des messages d'espoir au public en communion... Le retour est proche et les artistes du feu préparent à leur manière l'embrasement du brandon de "San Joan", sous la haute surveillance d'une poignée de pompiers… Puis le feu démarre enfin dans un crépitement permanent et éclaire à lui seul la voute céleste… Arrive enfin le lâcher des lanternes... Moment de poésie intense et inoubliable où de frèles lanternes de papier, gonflées par l'air chaud de leur réchaud de fortune, quittent le sol comme de minuscules montgolfères, direction la vallée de Biros... "Et le vent qui vient d'Espagne porte au loin cet air joyeux." Voilà comment on peut vivre de merveilleux moments, içi, dans notre Couserans loin de l'agitation et plus près du bon dieu, s'il existe... A samedi pour d'autres hauteurs... Gégé |
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